Quand quelqu'un se réveille, il dit : "Mon Dieu, l'âme que tu as placée en moi est pure. Tu l'as fabriquée, Tu l'as insufflée en moi et Tu me la conserves. Tu me la prendras pour la remettre en moi dans le monde futur [litt. le futur qui vient]. Tant que l'âme est en moi, je Te remercie Éternel, mon Dieu et Dieu de mes ancêtres, maître du monde [litt. des mondes], seigneur de toutes les âmes. Béni sois-Tu Éternel qui remets les âmes dans les corps morts."
En entendant la voix du coq, il dira : "Béni etc. qui a donné au coq le discernement pour distinguer entre le jour et la nuit." En ouvrant ses yeux, il dira : "Béni etc. qui ouvre les yeux des aveugles." En se redressant et s'asseyant [dans son lit], il dira : "Béni etc. qui délie les entravés." En s'habillant, il dira : "Béni etc. qui habilles ceux qui sont nus" (1). En se levant (2), il dira "Béni etc. qui redresses ceux qui sont courbés". En posant [les pieds] au sol, il dira "Béni etc. qui étends la terre sur les eaux" (3). En marchant, il dira "Béni etc. qui affermis les pas de l'homme". En finissant de se chausser, il dira "Béni etc. qui pourvoit à tous mes besoins" (4). En se ceinturant, il dira : "Béni etc. qui ceins Israël de vigueur". En mettant son couvre-chef, il dira : "Béni etc. qui revêts Israël avec splendeur" (5).
(1) Steinsaltz : il semble qu'à l'époque, on dormait nu et on s'habillait dans son lit avant d'en sortir.
(2) Mais vu la suite, on dirait qu'il n'a pas encore touché le sol. Peut-être qu'il dort sur une paillasse et il se lève donc sur son "lit".
(3) Steinsaltz : il remercie le fait qu'avoir un sol stable sous les pieds pour y marcher.
(4) Steinsaltz : les chaussures sont un accessoires nécessaires à la marche.
(5) La racine עט״ר donne le mot עטרה couronne et l'un des sens de עוטר est "ceindre d'une couronne".
En s'enveloppant dans les tsitsit, il dira "Béni etc. qui nous distingués par ses commandements et nous a ordonné de nous envelopper dans les tsitsit". En posant les téfilines au bras, il dira : "Béni etc. qui nous a distingués par ses commandements et nous a ordonné de poser les téfilines". Sur la tête, il dira : "Béni etc. qui nous a distingués par ses commandements et nous a ordonné les commandements des téfilines". En lavant ses mains, il dira : "Béni etc. qui nous a distingués par ses commandements et nous a ordonné [de réciter] netilat yadaïm. En lavant son visage, il dira "Béni etc. qui fait passer les entraves du sommeil de mes yeux et la somnolence de mes paupières. Qu'il te soit agréable Éternel mon Dieu, que Tu me rendes familier de Ta doctrine [Torah] et attache moi à Tes commandements et ne me fais pas aller à proximité de la faute, du crime, de l'épreuve et de la honte. Courbe mon penchant pour qu'il Te serve. Éloigne-moi de l'homme méchant et du compagnon méchant. Attache-moi au bon penchant et au bon compagnon dans ce monde qui est Tien [litt. "dans Ton monde"]. Fais-moi trouver ce jour, et chaque jour, grace, bienveillance, tendresse à Tes yeux et aux yeux de tous ceux qui me voient et rétribue-moi de bienfaits. Béni sois-Tu Éternel qui rétribue de bienfaits ton peuple Israël."
טור, אורח חיים, מ״ו
וראיתי בסדורי רב עמרם כיון שבירך זוקף כפופים אין לברך מתיר אסורים ואיני יודע למה דהא בגמרא מפרש כל אחת ואחת למה נתקנה. עוד ברכה אחת יש בסדורי אשכנז בא"י אמ"ה הנותן ליעף כח ונתקנה על שאדם מפקיד נשמתו בערב ביד הקב"ה עייפה מעבודה קשה כל היום ומחזירה לו בבוקר שקטה ושלוה
Tur, Oreaḥ Ḥayim, 46
J'ai vu dans les siddourim du R. Amram que puisqu'on disait la bénédiction zoqef qefufim, on ne disait pas matir asurim. Je ne sais pas pourquoi, car la Guémara explique bien pourquoi chacune d'elles a été établie.
Dans les siddourim askhénazes, il y a une autre bénédiction : "Bénis sois-Tu Éternel, maître du monde, qui donne de la force à celui qui est fatigué". Elle a été établie parce que chaque être humain remet son âme entre les mains du Saint béni soit-Il le soir, fatiguée de [son] dur labeur de toute la journée. Et elle lui est rendue le matin calme et tranquille.
(XIVe s.)
Birkot ha-shaḥar - bénédictions du matin / Bénédictions de remerciement
(1998 - 2002)
Les Sages ont édicté qu'il fallait dire de nombreuses bénédictions dès le lever le matin. Leur but est de remercier l'Éternel pour le bien qu'Il nous dispense chaque jour. C'est ce qui est exposé dans le Talmud (Berakhot 60b) : quand on se réveille de son sommeil, on remercie l'Éternel etc. et on dit Mon Dieu, l'âme que Tu as placée en moi est pure. Tu l'as fabriquée etc. Bénis sois-Tu Éternel qui remets les âmes dans les corps morts. Quand on entend le chant du coq qui annonce la venue d'un nouveau jour, on dit : "Béni etc. qui a donné au coq le discernement pour distinguer entre le jour et la nuit." En ouvrant les yeux, on dit : "qui ouvre les yeux des aveugles." En étirant ses membres et en s'asseyant dans son lit après qu'on a été pris dans les entraves du sommeil, on dit la bénédiction "qui délie les entravés." En mettant ses vêtements, on dit la bénédiction : "qui habilles ceux qui sont nus". En se levant, ont dit " qui redresses ceux qui sont courbés". En posant les pieds au sol, on dit "qui étends la terre sur les eaux". En chaussant ses chaussures, on dit "qui a pourvu à tous mes besoins". En se mettant à marcher, on dit "qui affermis les pas de l'homme". En mettant sa ceinture, on dit "qui ceins Israël de vigueur". En mettant un couvre-chef, on dit "qui revêts Israël avec splendeur". En passant ses mains à l'eau (yitol et yadav), on dit âl netilat yadaïm. En se lavant la figure, on dit "qui fais passer les entraves du sommeil de mes yeux etc." Ils ont aussi édicté trois bénédictions de remerciements particulières parce qu'Il nous a distingués et qu'Il nous a donné Ses mitsvot. Les voici : "qui ne m'as pas fait goy", "qui ne m'as pas fait esclave", "qui ne m'as pas fait femme" (sic). Les femmes disent la bénédiction "qui m'as faite selon Sa volonté".
En général, la routine de la vie use l'attention que nous portons à toute la bonté dont le Saint béni soit-Il nous fait bénéficier et à cause de cette ingratitude, même la bénédiction quotidienne que le Saint béni soit-Il accorde à l'être humain ne réjouit pas ce dernier. Sa vie devient ennuyeuse et vide. Il cherche des plaisirs divers pour dissiper son malheur. Afin de n'être pas faire montre d'ingratitude, les Sages nous ont édicté les bénédictions du matin par lesquelles nous remercions notre Créateur pour toutes les choses, grandes ou petites, par lesquelles nous pouvons agir dans le monde. Par cette reconnaissance envers l'Éternel, nous sommes dignes de porter sur le monde un regard riche et plein. Nous apprenons que chaque chose dans notre vie à une valeur divine et s'éveille en nous un désir d'agir bien lorsque le nouveau jour [commence].
Birkot ha-shaḥar - bénédictions du matin / Ordre des birkot ha-shaḥar
Comme nous l'avons appris, l'édit original des Sages était que les bénédictions du matin accompagnent le déroulement du lever. Pour chaque chose, nous bénissions au moment où nous en jouissions. Ainsi le déroulement du lever après le sommeil recevait une signification profonde lorsque ces bénédictions de remerciement envers l'Éternel accompagnaient chaque étape du lever. En pratique, le Rambam (Maïmonide) a décidé qu'on devait dire chaque bénédiction en son temps et encore de nos jours il y a des juifs yéménites s'étant installés en Israël qui ont pour pratique de faire comme il l'a décidé.
אולם כבר מאות שנים שנהגו ישראל לברך את כל ברכות השחר בבת אחת, בבית הכנסת או בבית לאחר שסיימו להתפנות ולהתלבש. כמה טעמים לכך. ראשית, תקנו שהחזן יאמר בקול את ברכות השחר בבית הכנסת כדי להוציא את עמי הארץ שאינם יודעים אותם בעל פה. ואף אלו שיודעים את הברכות בעל פה, יש חשש, שמא בתוך טירדת קימתם ישכחו איזו ברכה, אבל אם יאמרו אותן על הסדר, יזכרו לומר את כולן. ועוד, שרצו להדר ולברך את ברכות השחר בצורה המכובדת ביותר, כלומר בידיים נקיות ובלבוש מכובד, ולכן דחו את אמירת הברכות עד אחר סיום כל ההכנות לקראת התפילה (שו"ע או"ח מו, ב). ועוד, שישנם אנשים שקשה להם מאוד לכוון מיד בקומם מן השינה, ורק אחר שיתלבשו וירחצו את פניהם – יוכלו לומר את ברכות השחר בכוונה (סדר היום).
Cependant cela fait plusieurs centaines d'années qu'Israël a pris l'habitude de dire chaque bénédiction du matin en une seule fois, à la synagogue ou après avoir fait ses besoins et s'être habillé. Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, on a édicté que le ḥazan dirait à voix haute les bénédictions du matin à la synagogue pour rendre quitte les gens du peuple [c-à-d. les ignorants] qui ne les savent pas par cœur. Et on craint que même ceux qui connaissent les bénédictions par cœur en oublie une à cause du trouble au lever [(?) par exemple parce qu'on a l'esprit un peu embrumé (?)]. Mais si on les dit dans un ordre [précis], on se souviendra de toutes les dire. De plus, [les Sages] voulaient magnifier la récitation des bénédictions du matin de la façon la plus respectable qui soit, c'est-à-dire [en les disant] avec des mains propres et en étant vêtu d'un vêtement convenable. C'est pourquoi, ils ont repoussé leur prononciation à la fin de tous les préparatifs avant la prière (Sh. Ar., O. Ḥ., 46, 2). De plus, il y a des gens pour qui il est difficile de se concentrer dès qu'ils se sont lever après avoir dormi et [donc] ce n'est qu'après qu'ils se soient habillés et lavés la figure qu'ils peuvent dire les bénédictions du matin avec kavana (Seder ha-yom).
Birkot ha-shaḥar - bénédictions du matin / les bénédictions du matin pour celui qui n'a pas les jouissances [y afférentes]
Les plus éminents Rishonim sont en désaccord quant à la question [suivante] : un être humain qui ne tire pas de jouissance personnel de l'une des bénédictions du matin peut-il la dire ? Par exemple, un aveugle peut-il dire la bénédiction "qui ouvre les yeux des aveugles" ?
Selon Rambam (Maïmonide ; Tefila 7, 9), seul celui qui tire une jouissance de la chose peut dire une bénédiction dessus. Pour cette raison, un être humain qui dort avec ses vêtements la nuit ne dit pas la bénédiction "qui habilles ceux qui sont nus", car il ne s'habille pas le matin. Un handicapé qui ne peut pas marcher ne dit pas la bénédiction "qui affermis le pas de l'homme". Le paralysé qui ne peut pas bouger ses membres ne dit pas la bénédiction "qui délies les entravés" et "qui redresses ceux qui sont courbés". Certains des juifs yéménites qui se sont installés en Israël ont coutume de faire comme cela. Le rédacteur du Shulḥan ârukh (O. Ḥ 46, 8) a pris en considération son avis [, celui de Maïmonide,] et a décidé de ne pas mentionner le Nom dans les bénédictions dont il ne tire pas de jouissance.
לעומת זאת, בעל ספר הכלבו (סימן א) כתב בשם רב נטרונאי גאון ורב עמרם גאון ושאר הגאונים, שהמנהג לומר את כל ברכות השחר על הסדר, בין שנהנה מהם ובין שלא נהנה, משום שברכות השחר נתקנו על הנאת כלל העולם. ועוד, שגם זה שאחרים נהנים מדבר מסוים מועיל באופן עקיף למי שאינו נהנה ממנו באופן ישיר. ולכן גם משותק שאינו יכול להזדקף, מברך את ה' על כך שאחרים יכולים להזדקף ולסייע לו. וכן העיוור מברך 'פוקח עיוורים' על שאחרים יכולים לראות ולהראות לו את הדרך ולהכין לו את כל צרכיו. וכן פסק הרמ"א.
A l'opposé, le rédacteur du livre Kolbo (siman 1) a écrit au nom du Rav Natronaï Gaon, du Rav Âmram Gaon et d'autres Guéonim, que la coutume est de dire toutes les bénédictions du matin dans un ordre [précis], que l'on en tire jouissance ou qu'on n'en tire pas jouissance, car les bénédictions du matin ont été établies au sujet de la jouissance des gens en général. De plus, que d'autres tirent jouissance d'une chose particulière est indirectement utile à qui n'en tire pas directement de jouissance. C'esdt pourquoi même le paralysé qui ne peut pas se redresser bénit l'Éternel que d'autres puissent se redresser et l'assister. De même, l'aveugle dit la bénédiction "qui désilles les yeux des aveugles" car d'autres peuvent voir et lui montrer le chemin, ou lui préparer tout ce dont il a besoin. Ainsi a décidé le Rema.
Et c'est aussi l'opinion du Ari ha-qadosh (Isaac Louria) : chaque juif doit dire tout les bénédictions du matin dans l'ordre pour remercier l'Éternel pour le bien général dont Il abonde le monde. Les Sefaradim ont l'habitude dans leurs coutumes de prière de suivre le Ari. C'est pourquoi les Sefaradim aussi ont coutume de dire toutes les bénédictions du matin dans l'ordre.
Birkot ha-shaḥar - bénédictions du matin / Jusqu'à quand peut-on dire les bénédictions du matin ?
Qui a oublié de dire les bénédictions du matin avant la prière peut les dire après celle-ci, sauf celle de netilat yadaïm qu'on ne peut pas dire après la prière, car elle a été édictée comme une préparation à la prière. De même, on ne peut pas réciter la bénédiction sur la Torah, car on s'en est [alors] déjà acquitté avec la bénédiction ahavat ôlam. De même, on ne peut pas dire la bénédiction elohaï neshama, car certains disent qu'on s'en est [alors] déjà acquitté avec la bénédiction meḥaye ha-metim qui est dans la Âmida.
C'est pourquoi celui qui est forcé de sauter les bénédictions du matin pour réussir à prier avec le minyan sera attentif à dire au moins les bénédictions âl netilat yadaïm, elohaï neshama et la bénédiciton de la Torah [avant de prier], car s'il ne les dit pas en première, il ne pourra plus s'en acquitter après la prière (Mishna Brura 52, 2)
Mais jusqu'à quand peut-on dire ces bénédictions ? Puisque certains comparent leur moment au moment de la prière, a priori, on s'efforcera de les dire avant la fin des quatre [premières] heures [halakhiques] du jour et, après coup, jusqu'au midi [halakhique] du jour. Mais si l'on n'arrive pas à les dire avant le midi [halakhique] du jour alors [il suit ceci] : puisque selon l'avis de la plupart des décideurs, leur temps est différent de celui de la prière de shaḥarit (car ce sont des bénédictions de remerciement pour les bonnes choses dont l'être humain jouit pendant la journée), alors si on n'a pas pu les dire pendant le matin, on peut après coup les dire toute la journée.
