אָמַר רַבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָן בְּשֵׁם רַבִּי נָתָן שְׁמוֹנָה עָשָׂר צִוּוּיִים כָּתוּב בְּפָרָשַׁת מִשְׁכָּן כְּנֶגֶד שְׁמוֹנֶה עֶשְׂרֵה חוּלְיוֹת שֶׁבַּשִּׁדְרָה, וּכְנֶגְדָן קָבְעוּ חֲכָמִים שְׁמוֹנֶה עֶשְׂרֵה בְּרָכוֹת שֶׁבַּתְּפִלָּה, כְּנֶגֶד שְׁמוֹנֶה עֶשְׂרֵה הַזְכָּרוֹת שֶׁבִּקְרִיאַת שְׁמַע וּכְנֶגֶד שְׁמוֹנֶה עֶשְׂרֵה הַזְכָּרוֹת שֶׁבְּהָבוּ לַה' בְּנֵי אֵלִים (תהילים כ״ט:א׳,).
Rabbi Shemuel bar Nahman a dit au nom de Rabbi Natan : dix-huit commandements sont écrits dans la section du Mishkan, autant que les dix-huit vertèbres de la colonne vertébrale. Et c'est selon elles que les Sages ont fixé les dix-huit bénédictions de la Tefila. Autant que les dix-huit rappels [du Nom divin] dans la lecture du Shema et autant que les dix-huits rappels qu'il y a dans havu la-adonai bney-elim (Psaume 29, 1 sq).
Section du Mishkan : Exode 39 et 40. On y compte :
- 14 fois l'expression כאשר ציווה ה' את משה "comme l'Eternel l'ordonna à Moïse"
- 4 fois le mot ציווה "il a ordonné, commandé".
D'autres Sages font commencer cette section un peu plus tôt à 38, 22. En ce cas, on compte 19 mentions. Pour éviter d'avoir 19 mentions, ils disent qu'on ne compte pas la première mention selon une règle d'interprétation qui voudrait qu'on commence à interpréter quelque chose de répété qu'à partir de sa seconde mention ("on n'interprète en commençant" אין דורשין תחילות)
(יג) רַבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמֵר, הֱוֵי זָהִיר בִּקְרִיאַת שְׁמַע (וּבִתְפִלָּה). וּכְשֶׁאַתָּה מִתְפַּלֵּל, אַל תַּעַשׂ תְּפִלָּתְךָ קֶבַע, אֶלָּא רַחֲמִים וְתַחֲנוּנִים לִפְנֵי הַמָּקוֹם בָּרוּךְ הוּא, שֶׁנֶּאֱמַר (יואל) כִּי חַנּוּן וְרַחוּם הוּא אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב חֶסֶד וְנִחָם עַל הָרָעָה. וְאַל תְּהִי רָשָׁע בִּפְנֵי עַצְמְךָ:
(13) Rabbi Shimon dit : sois attentif en lisant le Shema (et la Tefila). Quand tu pries, que ta prière ne soit pas convenue mais une [demande] de tendresse et une supplication devant le Saint béni soit-Il, ainsi qu'il est dit : "car il est clément, miséricordieux, lent à la colère et abondant en grâce, enclin à revenir sur le mal" (Joël 2, 13). Et ne sois pas mauvais à tes propres yeux.
רַבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר, הָעוֹשֶׂה תְפִלָּתוֹ קֶבַע, אֵין תְּפִלָּתוֹ תַּחֲנוּנִים. רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ אוֹמֵר, הַמְהַלֵּךְ בִּמְקוֹם סַכָּנָה, מִתְפַּלֵּל תְּפִלָּה קְצָרָה. אוֹמֵר, הוֹשַׁע הַשֵּׁם אֶת עַמְּךָ אֶת שְׁאֵרִית יִשְׂרָאֵל, בְּכָל פָּרָשַׁת הָעִבּוּר יִהְיוּ צָרְכֵיהֶם לְפָנֶיךָ. בָּרוּךְ אַתָּה ה' שׁוֹמֵעַ תְּפִלָּה:
Rabbi Eliézer dit : celui qui de sa prière une chose convenue, sa prière n'est pas une supplication. Rabbi Yehoshua dit : celui qui chemine en un lieu dangereux, qu'il prie une prière courte. Qu'il dise : que l'Eternel sauve Son peuple Israël. Dans tout moment de détresse, que leurs besoins soient devant Toi. Béni sois-Tu Eternel qui écoute la prière.
רַבָּן גַּמְלִיאֵל אוֹמֵר, בְּכָל יוֹם מִתְפַּלֵּל אָדָם שְׁמֹנֶה עֶשְׂרֵה. רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ אוֹמֵר, מֵעֵין שְׁמֹנֶה עֶשְׂרֵה. רַבִּי עֲקִיבָא אוֹמֵר, אִם שְׁגוּרָה תְפִלָּתוֹ בְּפִיו, יִתְפַּלֵּל שְׁמֹנֶה עֶשְׂרֵה. וְאִם לָאו, מֵעֵין שְׁמֹנֶה עֶשְׂרֵה:
Rabban Gamaliel dit : chaque jour, l'être humain prie [la prière des] dix-huit [bénédictions]. Rabbi Yehoshua dit : un résumé de [prière des] dix-huit [bénédictions]. Rabbi Aqiva dit : si sa prière est coutumière dans sa bouche, qu'il prie les dix-huit. Sinon, [qu'il prie] un résumé de [prière des] dix-huit [bénédictions].
Un résumé : litt. quelque chose comme , qui ressemble à
מר בריה דרבינא כי הוה מסיים צלותיה אמר הכי אלהי נצור לשוני מרע ושפתותי מדבר מרמה ולמקללי נפשי תדום ונפשי כעפר לכל תהיה פתח לבי בתורתך ובמצותיך תרדוף נפשי ותצילני מפגע רע מיצר הרע ומאשה רעה ומכל רעות המתרגשות לבא בעולם וכל החושבים עלי רעה מהרה הפר עצתם וקלקל מחשבותם יהיו לרצון אמרי פי והגיון לבי לפניך ה' צורי וגואלי
Mar, fils de Ravina, lorsqu'il terminait sa prière, disait : mon Dieu, préserve ma langue du mal et mes lèvres de dire des tromperies. Envers ceux qui maudissent, que mon âme soit silencieuse et que mon âme soit comme poussière envers tout. Ouvre mon coeur à Ta Torah et que mon âme court après Tes commandements. Sauve-moi de l'infortune, du mauvais penchant, de la femme mauvaise, et de tous les maux qui surviennent soudainement dans le monde. Contrarie rapidement les avis et les plans de ceux qui nourrissent de mauvaises pensées à mon sujet. Accueille favorablement les paroles de ma bouche et l'expression de mon coeur devant Toi, Adonaï, mon roc, mon rocher.
לא יאחז אדם תפילין בידו וס"ת בזרועו ויתפלל ולא ישתין בהן מים ולא יישן בהן לא שינת קבע ולא שינת עראי. אמר שמואל סכין ומעות וקערה וככר הרי אלו כיוצא בהן.
On ne doit pas tenir ses tefilines dans sa main ou un Sefer Torah entre ses bras en priant. Ni en urinant. Ni en dormant, qu'il s'agisse d'un sommeil profond ou d'un petit somme. Shmuel a dit : pour un couteau, de la monnaie, un bol ou du pain, c'est la même chose que pour eux [téfilines / Sefer Torah].
המתפלל צריך שיכוין את לבו בכולן ואם אינו יכול לכוין בכולן יכוין את לבו באחת א"ר חייא אמר רב ספרא משום חד דבי רבי באבות
Celui qui prie doit diriger son cœur1 vers toutes [les bénédictions]. S'il ne peut pas diriger son cœur vers toutes, qu'il dirige son cœur vers l'une [d'entre elle au moins]. Rabbi Ḥiyya a dit : Rav Safra a dit au nom de quelqu'un de l'école de Rabbi : [qu'il dirige son cœur vers la bénédiction] avot.
1. Le cœur désigne le siège du sentiment et de la pensée.
Le verbe "diriger" a pour racine כ.ו.נ. La racine donne également כוונה kavana. On retrouve cette racine souvent par rapport à la prière. Il y a l'idée d'orienter sa pensée et de se concentrer : c'est donc une intention au sens fort. On traduit souvent kavana par intention.
Comment orienter [lekhaven] son cœur [convenablement] ? Toute prière qui se fait sans intention [kavana] n'est pas une prière. S'il a prié sans intention-concentration, il recommence à prier avec intention. Son esprit se trouve embarrassé et son cœur perturbé ? Il lui est interdit de prier jusqu'à ce que son esprit se soit calmé. C'est pourquoi celui qui est en chemin et qui est fatigué ou tourmenté a interdiction de prier jusqu'à ce que son esprit se soit calmé. Les Sages ont dit : qu'il attende trois jours pour se calmer et qu'il retrouve son sang-froid et ensuite qu'il prie.
1. litt. "que son esprit refroidisse"
Comment [faire pour avoir] cette intention-concentration ? Qu'il débarrasse son cœur de toutes pensées, qu'il se voit comme s'il se tenait devant la Shekhina. C'est pourquoi, il faut s'asseoir un peu avant la prière pour orienter-concentrer son cœur. Ensuite, qu'il prie en repos et en suppliant. Qu'il ne fasse pas sa prière comme qui porte un fardeau, le jette et s'en va. C'est pourquoi, il doit s'asseoir un peu après sa prière et ensuite prendre congé. Les premiers pieux prenait une heure avant la prière et une heure après la prière. Et leur prière durait une heure.
(א) המתפלל צריך שיכוין בכל הברכות ואם אינו יכול לכוין בכולם לפחות יכוין באבות ואם לא כיון באבות אף על פי שכיון בכל השאר יחזור ויתפלל. הגה: והאידנא אין חוזרין בשביל חסרון כוונה שאף בחזרה קרוב הוא שלא יכוין אם כן למה יחזור (טור):
(1) Celui qui prie doit diriger son intention sur chacune des bénédictions et s'il ne peut pas diriger son intention sur toutes, qu'au moins il la dirige sur [la bénédiction] avot. Et s'il n'a pas dirigé son intention sur avot, même s'il a dirigé son intention sur toutes les autres, qu'il recommence et prie [de nouveau toute la Amida].
Glose (Tur) : de nos jours, on ne recommence pas, car il y a un manque d'intention. Même s'il recommence, il est probable qu'il ne dirige pas son intention. Et si c'est ainsi, pourquoi recommencer ?
Voici les bénédictions lors desquelles on se prosterne : la première bénédiction [de la Amida] : au début et à la fin ; et au modim [dans la Amida] : au début et à la fin. Quant à celui sur se prosterne à chaque bénédiction, on lui apprend à ne pas se prosterner [chaque fois]. On ne dit pas [la bénédiction dans la Amida] avec celui qui dit la bénédiction. Rabbi Yehuda [la] disait avec celui qui disait la bénédiction : "Saint, saint, saint l'Éternel Tsevaot, toute la terre est pleine de sa gloire" (Isaïe 6) et "bénie la gloire de l'Éternel en son lieu" (Ézéchiel 3) : tout cela, Rabbi Yehuda les disait avec celui qui disait la bénédiction.
